Le passé radical et très controversé de Modi n’aura pas eu raison la semaine dernière de la volonté des électeurs. En effet le vendredi 16 mai marquera une date des plus symboliques pour le géant d’Asie du Sud, autant sur le plan historique que politique. Avec 814 millions de personnes inscrites sur les listes électorales, ce sont 514 millions soit près de 67 % d’indiens qui ont exprimé leurs voix sur quatre semaines. Le résultat est sans appel, Narendra Modi du BJP, 64 ans, devance Manmohan Singh du Congrès. La coalition du BJP totalise à l’issue des dernières législatives 336 sièges sur 543 à la chambre basse du parlement, « Lok Sabha », contre 59 sièges pour le Congrès.
La victoire de Modi est sans grande surprise. Grand favori des sondages, il parvient à hisser son parti en tête de liste à l'issue de 437 meetings et 5827 rassemblements. Une première depuis 30 ans pour un parti sans alliances. Le leader de la droite nationaliste a construit son discours de campagne sur deux piliers essentiels, à savoir, son propre parcours, ainsi que sa politique économique.
Modi, l’incarnation d’un espoir
Fils d’un vendeur de thé, Narendra Modi entreprend son engagement politique très jeune. Il débute en tant que membre du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), organisation extrémiste nationaliste hindouiste et commence ses activités militantes en tant que propagandiste pour le BJP. De ce fait, son engagement radical demeure très controversé, et son implication dans les émeutes communautaires de 2002 qui ont coûté la vie à plus d’un millier d’indiens, essentiellement de confession musulmane, conforte le caractère de ses discours, souvent qualifiés d’islamophobe.
Néanmoins, la « success-story » de Modi prend souvent le dessus sur les tendances virulentes du leader. Vu comme une véritable icône de la réussite pour un grand nombre de la classe moyenne indienne, il incarne aujourd’hui un véritable renouveau politique face au Congrès, accusé de corruption à de nombreuses reprises et monopolisant depuis trop longtemps le pouvoir. Le futur premier ministre indien fait aujourd’hui figure de modernisme et d’avancée pour la jeunesse qui a tenu une place centrale dans ses discours de campagne.
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L'économie, au centre des priorités
Le premier électorat conquis par le programme de Modi, sont les marchés financiers ainsi que les chefs d'entreprise. Ayant mené une politique économique très performante dans le Gujarat, il est l'un des Etats les plus prospères de l'Inde et détient un PNB par habitant nettement supérieur à la moyenne de l'Inde.
L'un de ces principaux défis sera de stopper le ralentissement de la croissance en Inde, qui après s’être stabilisée durant 10 ans à plus de 9%, a atteint les 4,6% en 2013. Pour cela, Modi mise sur l'investissement des entreprises étrangères et multinationales en Inde, accélérant ainsi le processus de libéralisation du pays. « Si je deviens Premier ministre de l’Inde, je ferai pour le pays ce que j’ai fait pour mon Etat. » avait-il déclaré peu de temps avant les résultats du scrutin. Ainsi, il favorise l'investissement des patrons de grandes filiales comme Tata Motors, Suzuki ou encore Maruti en facilitant les démarches administratives et douanières, notamment celles concernant l'inspection des impôts.
Le fait de privilégier la grande distribution peut soulever de nombreuses questions, dont celles des distributeurs locaux, de la production nationale de l'Inde et de ses programmes nationaux. De même, l'arrivée de la grande industrie reste un risque à prendre face à ses promesses de relance de l'emploi, en particulier chez les jeunes.
Depuis l'accession au pouvoir de Narendra Modi, les questions fusent quant à ses réelles possibilités d'action sur la situation en Inde. Dette publique équivalente à 67 % du PIB, zones rurales en grande précarité, augmentation du taux de chômage chez les jeunes, problèmes communautaires et corruption gangrénant l'économie et les administrations, la question indienne demeure relativement complexe et la véritable victoire de Modi sera dans un premier de faire de son pays la « Shining India » qu'il n'a cessé de prôner tout au long de sa campagne.